La semaine de 4 jours gagne en popularité

LU – Mise en place dans les années 1990 en Europe, la semaine de 4 jours fait peu à peu sa place au Québec. Mais pour rester compétitives, les entreprises doivent s’adapter au temps-partiel et faire preuve de souplesse devant les exigences des employés à la recherche d’équilibre et d’une meilleure qualité de vie. 

« Ce type d’aménagement de temps de travail sera de plus en plus en vogue, et ce, à plusieurs moments de la vie », fait valoir Diane-Gabrielle Tremblay, CRHA, professeure en ressources humaines à l’École des sciences de l’administration de la TELUQ.

Ses études sur la conciliation travail-famille ont effectivement montré que la semaine de quatre jours est de plus en plus populaire auprès des jeunes parents. On observe également la tendance chez les employés en fin de parcours professionnel. « Plusieurs ont l’impression d’avoir fait le tour, mais ils veulent continuer d’accumuler pour la retraite, tout en gardant du temps pour les petits-enfants et les loisirs », explique-t-elle.

Elle remarque que la semaine de quatre jours est plus fréquente dans des emplois professionnels, dans le secteur des services ainsi que dans le secteur public. Au sein du personnel cadre, il peut être plus difficile d’obtenir ce type d’horaire. L’entreprise y est souvent peu favorable une fois que l’employé est au sommet des échelons, et cette demande semble encore parfois perçue par les collègues comme une rétrogradation.

Formules personnalisées

Plusieurs formules s’offrent aux employés. Certains sont prêts à accepter une diminution de salaire, d’autres préfèrent comprimer leur semaine de travail en quatre jours, en travaillant quotidiennement quelques heures de plus.

« Dans le domaine public, il est possible de réduire son salaire sur une certaine période pour obtenir des congés différés, explique Geneviève Morest, partenaire ressources humaines pour le Centre de santé et des services sociaux des Sommets à Sainte-Agathe-des-Monts. Les employés peuvent demander jusqu’à 30 jours de congé sans solde par année. »

Une autre possibilité est le très populaire 9-10 : l’employé alterne une semaine de quatre jours et une semaine de cinq jours. Ou encore le 4-32 : au lieu d’être payé 35 heures en cinq jours, un employé peut décider de travailler 32 heures en quatre jours.

Un avantage pour l’entreprise

« Dans le cas des petites et des moyennes entreprises qui ne peuvent pas toujours être concurrentielles au chapitre du salaire, c’est une belle reconnaissance qu’elles offrent à leurs employés. Certains employeurs le voient positivement, comme une façon d’attirer et de garder leurs employés et ainsi d’être compétitifs, surtout dans des domaines à fort roulement comme la finance et les technologies de l’information », note Diane-Gabrielle Tremblay.

« Dans la plupart des cas, l’employeur est heureux de cette pratique puisqu’elle permet de réduire sa masse salariale, précise Geneviève Morest. Bien sûr, cet aménagement est plus facile à accorder quand l’absence de l’employé n’a pas d’incidence sur le reste de l’équipe. Si des collègues doivent faire du temps supplémentaire pour couvrir la journée de congé, c’est moins avantageux pour l’employeur. »

Les modèles à l’international

Les pays nordiques s’intéressent à la conciliation travail-famille depuis les années 1970. Ils se préoccupent du plein emploi tout en priorisant la qualité de vie et la flexibilité. « Au Danemark, on a vu apparaître la flexisécurité, qui est en quelque sorte une banque de temps pour l’ensemble de la vie professionnelle », précise Mme Tremblay.

En France, comme la plupart des enfants ont congé d’école le mercredi, plusieurs femmes travaillent quatre jours par semaine. Chez nos voisins du Sud, la conciliation travail-famille ne semble pas encore au cœur des discussions; par contre, on parle de job sharing : deux employés qui partagent un même poste.

« La semaine de quatre jours est certainement la mesure la plus souhaitable pour accéder à une meilleure conciliation travail-famille », conclut Diane-Gabrielle Tremblay.

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