Les impacts de l’emploi à temps partiel

Depuis l’an dernier, le Québec crée davantage d’emplois à temps partiel que de postes à temps plein. Un phénomène en croissance qui nécessite une adaptation des entreprises, en matière de gestion des ressources humaines.

En août dernier, le secteur à temps partiel au Québec a généré la création de 5 800 postes, alors que plus de 1000 emplois à temps plein ont disparu.

Pouvoir compter sur une main-d’œuvre à temps partiel est un atout pour une entreprise, car cela lui permet d’être souple sur le plan organisationnel et d’ajuster ses besoins de main-d’œuvre en fonction de ses besoins. De plus, les travailleurs à temps partiel sont souvent plus motivés, car moins stressés. Mais ce choix organisationnel présente également des inconvénients majeurs. « Les coûts administratifs sont plus élevés, car cela fait plus de dossiers et de fiches de paie à gérer », explique Émilie Genin, professeure adjointe à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal.

Un travail d’équipe moins facile

Organiser un plus grand nombre d’horaires est également plus compliqué. La présence sporadique des employés à temps partiel rend difficiles les interactions entre les travailleurs, moins fréquentes, et vient donc compliquer la communication ainsi que la collaboration entre les personnes.

Pour pallier ces problèmes, les entreprises vont devoir développer des outils et des pratiques de travail spécifiques. « Plutôt que de faire les horaires à la main, avec un papier et un crayon, on peut utiliser des logiciels qui tiennent compte des contingences de temps de tout le monde », explique Yves Boulet, CHRA et consultant en management. Facebook peut même être mis à profit! « Une chaîne de supermarchés a mis en place un site Facebook pour permettre à ses commis en rayon, pour la plupart jeunes et travaillant à temps partiel, d’échanger leurs quarts de travail, raconte Mme Genin. Ainsi, le gestionnaire n’a plus qu’à valider les changements. »

Pour conserver l’engagement des employés à temps partiel dans la compagnie, l’idéal est que les gérants communiquent régulièrement par téléphone ou par courriel avec eux. Dans cette optique, rendre les courriels accessibles aux travailleurs depuis chez eux est indispensable. « Il faut communiquer les horaires des employés à temps partiel aux autres et prévoir leurs interactions, en programmant, par exemple, une réunion d’équipe hebdomadaire lorsque tout le monde est là », recommande M. Boulet, qui est également le président d’Axxio, une entreprise de conseil en ressources humaines.

 

Tensions à gérer

Mme Genin voit se dessiner une polarisation des emplois, entre, d’un côté, des employés qualifiés occupant des postes à temps plein et bénéficiant d’avantages sociaux, et de l’autre, du personnel peu qualifié travaillant à temps partiel. Différences sources de tensions dans l’entreprise que les gestionnaires devront apprendre à canaliser.

Le développement du temps partiel peut aussi amener les entreprises à se retrouver confrontées à la question du double emploi. En effet, certains de ses candidats à l’embauche peuvent être déjà employés à temps partiel dans une autre compagnie. « Le travail souple est en croissance dans le monde, les entreprises vont donc devoir se soucier davantage de la question du double emploi, affirme M. Boulet. Il est important de mettre en place des balises en prévoyant d’inclure des clauses à ce sujet dans les politiques internes. »

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