Aînés : mettez votre expérience à profit

Le profil type du travailleur à temps partiel peut en surprendre plus d’un. Souvent, on l’a restreint à l’étudiant ou bien à la mère de famille. Mais aujourd’hui, beaucoup de travailleurs à temps partiel sont plutôt des aînés.

LES AÎNÉS PLUS NOMBREUX

Selon Statistique Canada, plus d’un tiers (38.3%) des travailleurs à temps partiel en 2016 avaient au moins 45 ans, pour finalement dépasser la proportion des 15-24 ans (33.8%).

Selon les projections faites par Recensement Canada, plus de la moitié de la population du Québec sera âgée de plus de 45 ans d’ici 2036. La part des aînés n’a cessé de progresser depuis 2008, tandis que celle des 15-24 ans a baissé.  La part des hommes et femmes entre 24 et 45 ans est restée relativement constante. Dans une société vieillissante, les aînés prennent leur place sur un marché du travail à temps partiel en expansion.

Les « baby-boomers », cette vague démographique de travailleurs nés après la Seconde Guerre mondiale, approchent l’âge de la retraite ou bien l’ont déjà atteint. Mais tous les aînés n’ont pas les mêmes motivations. Certains retraités disent n’avoir besoin que de l’équivalent de 60 % des revenus qu’ils assuraient auparavant. S’ils ont un régime de retraite et touchent des rentes suffisantes, ils sont moins poussés à continuer à travailler. La même étude indique que 27 % des retraités interrogés affirmaient travailler à temps partiel. Après 30 ans de travail continu, ils veulent plus de temps libre.

Ainsi l’Enquête sur la population active de Statistique Canada, de mai 2017, indique que l’emploi des plus de 55 ans a peu varié.  Le taux de chômage a augmenté de 0.4% pour atteindre 6%. Comparativement à la même période en 2016, le nombre de travailleurs de 55 ans et plus a augmenté de 2.6% puisque la cohorte des baby-boomers continue sa transition dans ce groupe d’âge. Au Québec, en juin 2017, c’est même le groupe agé de 55 à 64 ans qui a connu la plus forte progression en matière d’emploi (+22700, +3.3%).

Les départs à la retraite poussent les entreprises à innover. Des multinationales comme IBM se laissent tenter par ce concept de retraite progressive, qui convient aussi à beaucoup de fonctionnaires. Les employés ont l’option de conserver leur poste encore quelques années, tout en allégeant leur emploi du temps et en allongeant leurs congés.

Au moins la moitié des travailleurs de 45 ans et plus affirment travailler à temps partiel par préférence personnelle. Ils veulent conserver un lien avec une vie professionnelle active. 

DES RAISONS FINANCIÈRES

Certains retraités travaillent deux ou trois jours par semaine pour ne pas toucher à leurs économies et trouver un équilibre. Mais les aînés qui n’ont pas de régime de retraite sont obligés de travailler pour subvenir à leurs besoins. Certains employés ont été contraints de prendre une retraite anticipée. D’autres ont été victimes d’abolitions de postes ou ont été licenciés. On ne leur propose souvent que du temps partiel, et certains doivent jongler entre plusieurs emplois pour s’assurer un revenu adéquat.  

Paul Gagner est directeur général du centre Eurêka à Montréal. Tous les jours, il reçoit des hommes et des femmes de plus de quarante ans à la recherche d’un emploi et les réintroduit sur le marché de l’emploi. Il les met en garde contre les emplois précaires. « Il y a des jobs à éviter. [Ceux au salaire horaire minimum], je ne les propose pas à mes candidats. Ce ne sont pas des options et c’est déshumanisant. Le problème, c’est qu’aujourd’hui l’éducation n’est pas garante d’un emploi, pas immédiatement en tout cas. » Un job désagréable, stressant et mal rémunéré ne vous apportera rien. Il vous faut un emploi flexible, avec un salaire compétitif et un environnement agréable.

ATOUTS DES AÎNÉS

Les aînés retournent sur le marché du travail avec certains atouts en poche qui les valorisent aux yeux des employeurs. Ces derniers veulent composer leurs effectifs de personnes dotées d’un sens pratique et dont le jugement a déjà été mis à l’épreuve. L’expérience peut les distinguer de leurs compétiteurs plus jeunes.

Le temps partiel plaît aussi aux entreprises. Paul Gagner en est persuadé : « En temps de crise, les entreprises sont plus frileuses envers le temps plein. Et le vrai bénéfice pour l’employeur, c’est l’aspect financier. Un travailleur à temps partiel coûte bien moins cher. Alors quand il est aîné et apporte son expérience et son savoir-faire, c’est une vraie affaire. »

OPPORTUNITÉS

Beaucoup de secteurs recherchent activement cette main-d’œuvre qualifiée.

La grande distribution apprécie l’expertise que peut apporter une personne plus âgée. Des chaînes comme Rona ou Canadian Tire proposent des postes de conseillers ou de commis-experts en priorité aux aînés. Des agences immobilières, des banques et des assureurs ont, quant à eux, besoin d’agents. La construction, la plomberie et d’autres professions techniques maintiennent toujours une demande croissante. Le travail saisonnier aussi peut offrir des offres parfois inattendues aux aînés. Des stations de ski, par exemple, disent chercher des moniteurs de ski pour surveiller pistes.

MYTHES ET STÉRÉOTYPES

Les aînés doivent parfois combattre des stéréotypes qui peuvent leur nuire pour décrocher un poste. Des recruteurs s’imaginent qu’un aîné est incapable de se servir correctement d’un ordinateur, ou encore, que passé 50 ans, laproductivité décline. Paul Gagner prépare ses candidats à affronter ces situations. Mais il pense que les mythes finiront par s’estomper. « C’est juste une question de temps. Nous sommes bons pour travailler jusqu’à 70 ans. Bientôt, une grande majorité des aînés travailleront. »

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