Temps partiel: avantages et inconvénients

Le travail à temps partiel joue un rôle primordial dans le monde de l’emploi canadien. Il permet aux employeurs d’adapter leur activité à des temps nouveaux et plus contraignants. Il offre aussi des opportunités nouvelles à ceux qui ne veulent pas ou ne trouvent pas de temps plein. Les lois sur le temps partiel étant peu nombreuses, cela fait redouter une fragilisation générale de l’emploi à certains.

Mais en contrepartie, il soutient l’économie et la pousse à se développer. Le temps partiel n’est plus une exception mais plutôt une option à part entière.

Croissance et temps partiel

Depuis 1990, la proportion de la population en emploi qui travaille à temps partiel a en général évolué à l’inverse de la croissance de l’emploi. En 2016, les employés qui avaient un emploi temporaire représentaient 19.1% de la population en âge de travailler au Canada (comparativement à 18.9% en 2012). 

Après la crise de 2008, la croissance s’était appuyée à la fois sur le travail à temps plein et à temps partiel, mais depuis plusieurs années,  l’emploi qui connait la plus grande hausse est le travail à temps plein. De juin 2016 à juin 2017 au Canada, la hausse d’emploi s’est chiffrée à 1.8% (317 000 emplois) provenant essentiellement de la création d’emploi à temps plein. 

Pour bien comprendre l’évolution du travail à temps partiel, il est important de l’examiner selon diverses catégories.

Selon le sexe: en 2012, la proportion des femmes en emploi qui travaillaient à temps partiel était plus de deux fois plus élevée que celles des hommes (26.7% par rapport à 11.86%). Cette proportion a toutefois peu varié chez les femmes (26.3% en 2016) alors qu’elle a plus augmenté chez les hommes (12.6%). La hausse chez les hommes s’explique par le fait que leurs pertes d’emplois ont été concentrées dans les secteur de la fabrication et de la construction, où le travail à temps partiel est peu répandu. 

Plus récemment, l’augmentation a résulté d’une plus forte proportion d’emplois occupés par des jeunes âgés de 15 à 24 ans (33.8%), et surtout des personnes de plus de 55 ans (38.26%).

Une main-d’oeuvre convoitée

Les départs à la retraite encouragent les entreprises à s’intéresser au temps partiel. Elles sont conscientes qu’une carence en employés peut mettre leur croissance en péril.  Le travail à temps partiel se développe là où les besoins en main-d’œuvre sont criants.

Quelques 46 700 postes à temps partiel ont été créés et 12 500 emplois à temps plein perdus en août 2012 (Statistique Canada). C’est le secteur de la construction qui a le plus écopé de pertes d’emploi (recul de 2.4% du nombre de ses travailleurs depuis août 2011). Toutefois des emplois ont été créés dans le secteur des services, notamment le transport et l’entreposage (+8.5%), la finance, les assurances, l’immobilier et sa location (+6.4%), les soins de santé et l’assistance sociale (+2.9%).

Des avantages pour les employeurs

Mais le risque d’une pénurie d’employés n’est pas le seul argument qui pousse les entreprises à repenser leurs stratégies de recrutement. Le temps partiel est une façon de travailler. Sa flexibilité plaît et il permet une gestion plus souple de la main-d’œuvre. 

Linda Baril est propriétaire du restaurant Kamanka. Elle explique que dans la restauration, le temps partiel est essentiel. « J’ai un employé à temps partiel permanent. Les autres travaillent sur appel. En fonction du nombre de clients en salle, j’estime mes besoins. Si je sais que des clients vont venir, j’appelle du renfort. En fait, tous les jours, je fais venir quelqu’un pour m’aider, mais je ne sais jamais quand je le ferai rentrer. C’est plus difficile pour les travailleurs sur appel car ils ne savent pas combien ils vont gagner. Mais de mon côté, s’il y a peu de clients, je n’ai pas le choix. Je ne peux pas payer quelqu’un à rien faire, sinon cet argent sort directement de ma poche. »

Les employeurs limitent aussi leurs dépenses en proposant un travail temporaire ou bien saisonnier. Le travailleur à temps partiel coûte moins cher parce qu’on ne l’appelle que lorsqu’on a besoin de lui.

Fragilisation du monde de l’emploi

Certains redoutent que les emplois à temps partiel ne minent le marché du travail en se substituant au temps plein. Plusieurs syndicats disent qu’en choisissant le temps partiel, les employeurs favorisent des emplois précaires. Ils voient dans la progression du temps partiel une menace aux notions de sécurité de l’emploi. 

Car ces emplois sont plus fragiles et moins réglementés. Seuls les droits de base et le minimum salarial sont assurés. L’obtention d’avantages et d’indemnités dépend du bon vouloir des patrons et les salaires sont parfois inférieurs à leurs équivalents à temps plein. Les heures supplémentaires aussi coûtent moins cher, ce qui pousse les employeurs à en abuser. 

Les patrons décident des emplois du temps et du nombre d’heures attribuées aux employés. Ils essaient, quand ils le peuvent, de prendre en compte les demandes des employés. Les travailleurs de quarts sont d’ailleurs particulièrement nombreux à faire du temps partiel. Ils ont des horaires irréguliers ou fractionnés, souvent la nuit.

Profils

La proportion des emplois à temps partiel varie énormément selon l’âge:

  • de 33.8% chez les 15-24 ans
  • de 27.8% chez les 25-54 ans
  • de 38.4% chez les 55 ans et +

On associe à juste raison le temps partiel à la vie étudiante. Selon Statistique Canada, le taux d’emploi à temps partiel a connu son augmentation la plus remarquable ches les jeunes de 15-24 ans: au sein de ce groupe d’âge, près de la moitié (47.4%) de ceux qui travaillent le font à temps partiel ; 72.2 % d’entre eux pour pouvoir étudier. 

Mais le temps partiel convient également à d’autres styles de vie. Les plus de 45 ans représentaient le tiers des travailleurs à temps partiel.  Il s’agit souvent d’un temps partiel par choix et préférence personnelle,  les seniors veulent travailler mais à leur rythme. 

Parmi les personnes occupant un emploi à temps partiel en 2015, une plus grande proportion de femmes (67,2 %) que d’hommes (53,0 %) le faisaient de leur propre gré, c.‑à‑d. qu’elles désiraient travailler moins de 30 heures par semaine.  Pour les mères, la conciliation travail-famille demeure un facteur clé dans le choix d’un emploi. Selon Statistiques Canada une majorité des répondants  de 24 à 44 ans disaient travailler à temps partiel pour avoir plus de temps à consacrer à leurs enfants

Avantages

Hormis ceux qui ne trouvent pas de temps plein, les travailleurs à temps partiel ont choisi de se réserver du temps pour d’autres activités : un étudiant ira en cours, une mère ira chercher ses enfants à l’école, un senior s’occupera de ses petits-enfants. Mais les travailleurs à temps partiel peuvent aussi aligner plusieurs emplois pour s’assurer plus de revenus. Tout dépend de leurs besoins. À la base, on travaille à temps partiel soit par absence d’alternative soit par choix. 

Parmi les travailleurs à temps partiel, 39.9% disaient préférer un travail à temps plein en 2016. Ces personnes sont considérées comme des travailleurs à temps partiel involontaires.

Une plus grande proportion d’hommes (47.0%) que de femmes (32.8%) auraient préféré travailler 30 heures par semaine et plus . La raison mentionnée par la plus grande proportion d’hommes et de femmes pour travailler à temps partiel de façon involontaire était la conjoncture économique (35,0 % et 23,3 %, respectivement).

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